Recrutez des iconoclastes

Fév 20, 2014 | Culture de l'innovation | 5 commentaires

« Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s’éveillent le jour et découvrent que leur rêve n’était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en œuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C’est ce que je fis ! »

Thomas Edward Lawrence, alias « Lawrence d’Arabie »

C’est l’empereur Léon III qui en 275 après JC devint le premier iconoclaste (briseur d’icone) après avoir détruit de colère la statue du christ placée à l’entrée de son palais de Constantinople.

Depuis, la définition s’est élargie pour désigner une personne qui n’éprouve pas le besoin de se conformer aux coutumes et croyances populaires.

Dans le cadre spécifique du Shift mais plus généralement de l’innovation, les iconoclastes vont devenir des talents recherchés.

Dans un livre publié récemment, le neuroscientifique Gregory Berns décrit les iconoclastes comme des personnes possédant un schéma mental que peu possèdent qui se retrouvent dans 3 comportements :

Perception.: L’iconoclaste ne se laisse pas influencer / polluer par ses expériences passées. Il voit chaque situation comme une nouveauté et ne s’arrête pas à ce que tout le monde pense.

Absence de peur : Il n’a pas peur de l’incertitude de la découverte. Il n’hésite pas à poser des questions ou à tester des solutions nouvelles que d’autres n’oseraient pas, par peur du ridicule.

Intelligence sociale : L’iconoclaste ne vit pas dans les bois ! Il a un réseau social développé et sait aider les gens à voir les choses de sa perspective. Il est convaincant et sait qu’il faut être respecté par autrui pour être imité.

Dans une entreprise moderne, l’iconoclaste:

  • Fait ce que d’autres pensent ne pas pouvoir être fait
  • Comprend que tout acte de création est un choix qui peut demander de détruire l’existant au préalable. Notamment les modes de pensées traditionnels.
  • Facilite la créativité et l’innovation qui  ne peut pas être imposées par un comité.
  • Fuit l’autorité et les conventions. C’est pour cela qu’ils sont souvent indépendants. Pour eux, les règles sont là pour être adaptées ou contournées pas suivies à la lettre.

Identifier vos iconoclastes (ou en recruter quelques-uns) peut donc être d’une très grande utilité pour surprendre vos clients et vous aider à faire une échappée face à vos concurrents.

Pourtant, sa lutte contre la conformité dans l’entreprise peut rendre l’iconoclaste solitaire et démotivé d’être mal noté de sa hiérarchie. Ses collègues penseront sans doute qu’il est étrange et il y a de fortes chances que notre iconoclaste termine sa carrière dans un placard ou à la porte.

Et vous ? Etes-vous prêt à les accueillir ?

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5 Commentaires

  1. Olivier2point0

    Bravo pour ce nouveau site et cet article « détonnant ».
    Je rajouterai que dans l’histoire des espèces (ie l’évolution), la sélection s’exerce sur une diversité de caractères… la diversité précède donc la sélection : ie, il vaut mieux avoir, dans une organisation, un peu d’hétérogénéité des genres pour survivre. L’iconoclasme comme source de créativité et de résilience du collectif.

  2. Catherine Bellaud

    bonsoir,
    après avoir si subtilement listé les qualités/défauts de l’iconoclaste, voulez-vous nous guider sur la recette à adopter pour éviter : le classement vertical du CV dérangeant, l’avortement des des initiatives créatives, la quarantaine à la première aubaine, la mise au placard de l’avatar, l’exil, l’exit, bref toute la grosse artillerie de notre – cher – monde contre l’individu rêveur éveillé, déstabilisateur des modèles établis, créateurs de conflits malgré lui, destructeur de valeurs sans coeur ?
    A part faire cavalier (ou amazone !) seul et surfer dans l’indépendance, je rends feuille blanche sur le sujet.
    Dans l’attente de vous lire et de me délecter,
    Sincèrement.

    ————-
    Merci pour cet excellent commentaire.
    Ca risque de prendre encore un peu de temps mais l’avenir nous appartient !

  3. Morillon

    Très enrichissant.
    Merci pour cette nouvelle notion.

  4. Emmanuel Roldan

    Bonjour, et merci beaucoup pour ce blog dont je me délecte depuis l’aube.
    Je me reconnais pleinement dans votre description et je vous confirme qu’être un iconoclaste dans les organisations et ou la société n’est pas des plus aisé je dirais même que nous sommes « comme tous génies » ( ca c’est pour mon ego et estime de soi) de profond incompris qui font peur aux managers et la résultante que vous avez très bien résumé : placard ou à la porte est une dure et délicate réalité d’autant plus si on le replace sous le prisme ( c’était pour ne pas utiliser paradoxe 😉 de mon métier le recrutement.
    je suis perpétuellement confronté a ce dilemme un manager ne veut pas recruter des compétences qui s’inscrivent dans un système complexe mais des clones,combien de fois en 15ans ai je entendu : « je voudrais un profil comme M ou Mme X »?
    le paradoxe voila je l’ai placé c’est que notre matière c’est l’humain, l’individu et dans ce mot tout est dit
    alors en conclusion ami(e)s Iconoclastes, la lutte continue, les génies seront toujours des incompris et gardons a l’esprit qu’il n’y a pas de mauvaises idées juste un time to market qu’il faut savoir appréhender.
    et tant que les baguettes magiques n’existeront pas il faudra être patient et jouer son rôle d’influenceur avec modestie et pragmatisme.
    Car meme sous la pression Darwinienne, il faut beaucoup de temps pour transformer les sociétés (a lire dans sa polysémie).
    Emmanuel

  5. Elodie

    Bonjour et merci pour cet article qui me donne des pistes à approfondir pour mon mémoire sur l’audace et l’innovation.
    On dit souvent qu’il faut prendre des risques pour être innovant ou créer son entreprise. Qu’en pensez-vous ?

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