Les 4 époques de l’innovation

Juil 4, 2017 | Culture de l'innovation | 0 commentaires

Une chose impensable est en train de se passer!

Les grandes entreprises que l’on réduit souvent à la lourdeur de leur bureaucratie, à leur difficulté à prendre des risques et à leur incapacité de comprendre les modèles économiques liés à internet sont en train de (re)devenir une terre fertile d’innovation….

Oui, ces mêmes entreprises que l’on opposait aux startup si innovantes, agiles et créatives. La « startup Nation » c’était il y a 10 ans ! LVMH a fait +13% de croissance en 2017. L’Oréal a créé 4000 nouveaux produits en 7 ans et SEB 800. Peut-être que le digital a décontenancé ces entreprises mais elles ont repris les rênes de l’innovation. Même La Redoute que Bezos, le patron de Amazon, ne voulait pas racheter pour 1$ est devenue une plateforme digitale à suivre.

Avec les outils « Startup » comme le Design Thinking et son Empathy Map, le Lean Startup et son « MVP », le « Business Model Canvas » qui est devenu un standard et l’ouverture d’incubateurs d’entreprise à tire-larigot (il y en a bientôt plus que de salons de tatouage, c’est dire) et l’ouverture à l’open-Innovation et à l’approche tendance, les grandes entreprises sont plus que jamais les locomotives de l’innovation française.

Avant de rentrer dans le détail, je peux déjà avancer plusieurs raisons : 
 La fin des blocs monolithiques : Demandez au Directeur de la recherche appliquée à L’Oréal qui a organisé une journée avec sa structure pour réfléchir à comment développer l’esprit startup tout en appartenant à un groupe international. Une grande entreprise est un ensemble de dirigeants, certains audacieux et d’autres plus inquiet de leur retraite qui approche.
 La fin des grandes entreprises isolées : Demandez à l’équipe innovation de BnpParibas qui organise régulièrement un Barcamp sur l’innovation. Le thème de celui auquel j’ai été invité a été « L’écosystème innovant de notre banque ». C’est une des démonstrations que l’entreprise se tourne de plus en plus vers l’extérieur. Les démarches actuelles d’open innovation en sont une autre preuve. 
La fin de la croyance que la R&D est l’alpha et l’omega de l’innovation : Demandez à tous ces dirigeants de toutes ces entreprises qui ont lancé des démarches «d’innovation managériale » après avoir réalisé que l’innovation n’était pas un projet mais le résultat d’un environnement managériale favorisant l’audace et la créativité. L’effet direct est que les dirigeants on compris que le vrai risque que cours les idées innovantes est d’être édulcoré à leur arrivée sur le marché. On ne peut pas toujours compter sur une crise de gouvernance comme a pu en profiter les designers de la C3 qui est arrivé sur le marché presque intouché par les services marketings, commerciaux et financiers.
L’innovation comme valeur : Ce qui est nouveau n’est pas de mettre progrès ou innovation dans ses valeurs ou sa mission. Ce qui est nouveau est de le faire vraiment ! Jusqu’à peu, il n’était pas rare de voir des entreprises faire de l’innovation-washing (ok il y en a encore certes) qui utilisait ce mot comme cri de ralliement plus politiquement correct que «Tuons la compétition».  Il n’est pas rare de voir de grandes déclarations se terminer abruptement à cause d’une mauvaise execution ou d’une difficulté à équilibrer l’exploration du nouveau de l’exploitation de l’ancien. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’intervenant extérieur à l’entreprise sont impliqué sans sa quête de nouveau.
 
Je vous propose ici de retracer l’épopée de l’innovation en améliorant la mise en page de la première publication de cet article dans les échos.

 

Thomas Edison2

1400-1910 – Les grands inventeurs

De Gutenberg à Zuckerberg, de Edison à Dyson, les inventeurs sont des individus avec une vision.

Auteurs d’une découverte imprévue ou résultante d’un acharnement forcené. Peu importe qu’ils aient fait un « mash-up » d’autres inventions (Vinci) ou que leurs compétences aient été plus commerciales que technologiques (Jobs), leurs noms sont indissociables de leurs inventions.

Des inventeurs de plus en plus rares mais pas complètement éteint (cf.Elon musk).Jobs et Dyson sont nés après 1910 mais ils appartiennent à cette famille d’inventeurs que l’on peut nommer par leur nom.

Mais voilà, le coût de la Recherche et Développement, la complexification des technologies, les temps de développement des technologies et le coût des brevets rendent l’innovation de plus en plus hors de portée des individus.

1910-1960 La Recherche et Développement

Les héros de cette époque sont des hommes en blouse « qui cherchent ». Ce furent les débuts des laboratoires Bell, de Kodak ou de Rank Xerox et de son Palo Alto Research Center ou «PARC» connu pour le plus célèbre Hold-up de l’histoire réalisé par un certain Steve…

Pendant que les entreprises passaient petit à petit d’exploitantes d’inventions créées par leur fondateur à créatrices d’invention et détentrices de brevets…surtout détentrices de brevets en fait – voir les cas Kodak/Polaroid et Apple/Samsung – leur bureaucratie s’alourdit progressivement et ces entreprises perdent leur agilité et leur capacité à prendre des risques.

Dehors «artistes, créatifs, innovateurs et iconoclastes» ! Dehors «the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes»  !

Ici nous sommes une entrperise serieuse qui sert nos clients avec qualité et excellence ! Vous n’avez plus votre place dans une entreprise de plus en plus rationelle et structurée à coup de MAQ et d’optimisation des processus !

Ca tombe bien, de toute façon, découragés par la lourdeur hiérarchique galopante, le contrôle à tous les étages, le manque de confiance et la récupération de leurs idées par leur manager, regardez-les quitter le bateau pour construire leur propre barque dans les nouvelles technologies…

Pour Edmund Phelps, prix nobel 2006 et auteur de «Mass Flourishing: How Grassroots Innovation Created Jobs, Challenge and change» C’est ici que s’arrête l’innovation en raison – entre autre – de la montée du corporatisme, du rejet de l’argent, du manque d’incitations financières et de la fin du désir d’innover ! Selon lui, la dictature du court terme aura eu la peau de l’innovation, remplacée dans les économies occidentales par la recherche de l’amélioration de court terme de moins en moins rémunératrice et de moins en moins créatrice d’emploi…

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1960-2005 L’âge d’or du capital risque

Deux mouvements inverses vont se développer dans le courant des années 60 :
> D’un coté, l’augmentation des besoins de financement pour concevoir, tester et commercialiser les produits ou services innovants.
> De l’autre, des banques qui deviennent…comment dire…frileuses ? Il deviendra de plus en plus difficile de financer sa boîte naissante grâce à un prêt d’amorçage auprès de l’une d’entre-elle.

Non seulement les banques prêtent de plus en plus difficilement mais avec l’âge des créateurs rajeunit, leur capacité d’emprunt rétrécit. Un chiffre parmi d’autres : l’âge moyen de la première levée de fonds pour les diplômés du MIT est passé de 41 ans dans les années 60 à 27 ans dans les années 90.

Une nouvelle source de financement devait être trouvée. C’est ainsi qu’arrive sur scène les premiers « Capital-risqueurs » ou Venture Capitalists. La première entreprise américaine cotée de capital risque s’appelait « American Research and Development Corporation » investit 70 000$ dans DEC en 1957 et récupéra 355 millions de dollars lorsque l’entreprise deviendra cotée.

Les choses se compliquèrent quand ces fonds d’investissement commencèrent à priser la rentabilité à court terme à leur tour et à prêter de moins en moins… 

Et arriva le Crowdfunding…

Depuis 2005 : Retour de l’innovation dans l’entreprise

En parallèle du Crowdfunding, l’explosion des technologies et la mondialisation ont accéléré le pas du changement. Avec un taux de survie à 50% après 5 ans, la durée de vie des entreprises a été divisée par deux en 50 ans.

Alors que les trois ères précédentes étaient basées sur la capacité d’inventer de nouveaux produits, services ou procédés basés sur une avancée technologique – C’est d’ailleurs la base des travaux Christensen et son approche sur la disruption – La quatrième ère de l’innovation se concentre sur les nouvelles formes d’entreprises et de business models. Dès 2005, on prédisait qu’en 2010 l’innovation des business models serait plus importante que l’innovation de produits ou de services !

Pour cela les entreprises utilisent de plus en plus leur créativité interne, appellent de plus en plus d’experts indépendants, utilisent massivement l’open-innovation en impliquant de plus en plus de startups, simplifient leurs process, repensent leur organisation et aplatissent leur hiérarchie, décentralisent la prise de décision et – chose incroyable –  apprennent de leurs erreurs !

En parallèle, les startups sont en train de découvrir qu’elles peuvent se faire copier aussi rapidement qu’une entreprise (Lamzac hangout / Laybag / Kaisr Original).

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