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Les 4 époques de l’innovation

Les 4 époques de l’innovation ont laissé des traces dans la culture des grandes entreprises que l’on réduit souvent à la lourdeur de leur bureaucratie, à leur difficulté à prendre des risques et à leur incapacité de comprendre les modèles économiques liés à Internet sont en train de (re)devenir une terre fertile d’innovation….

Oui, ces mêmes entreprises que l’on opposait aux start-up si innovantes, agiles et créatives. La « start-up Nation », c’était il y a 10 ans ! LVMH a fait +13 % de croissance en 2017. L’Oréal a créé 4000 nouveaux produits en 7 ans et SEB 800. Peut-être que le digital a décontenancé ces entreprises, mais elles ont repris les rênes de l’innovation. Même La Redoute que Bezos, le patron d’Amazon, ne voulait pas racheter pour 1 $ est devenue une plateforme digitale à suivre.

Avec les outils « Start-up » comme le Design Thinking et son Empathy Map, le Lean Startup et son « MVP », le « Business Model Canvas » qui est devenu un standard et l’ouverture d’incubateurs d’entreprise à tire-larigot (il y en a bientôt plus que de salons de tatouage, c’est dire) et l’ouverture à l’open-Innovation et à l’approche tendance, les grandes entreprises sont plus que jamais les locomotives de l’innovation française.

Avant de rentrer dans le détail, je peux déjà avancer plusieurs raisons : 
 La fin des blocs monolithiques : demandez au Directeur de la recherche appliquée à L’Oréal qui a organisé une journée avec sa structure pour développer l’esprit start-up tout en appartenant à un groupe international. Une grande entreprise est un ensemble de dirigeants, certains audacieux et d’autres plus inquiet de leur retraite qui approche.
 La fin des grandes entreprises isolées : demandez à l’équipe innovation de BnpParibas qui organise régulièrement un Barcamp sur l’innovation. Le thème de celui auquel j’ai été invité a été « L’écosystème innovant de notre banque ». C’est une des démonstrations que l’entreprise se tourne de plus en plus vers l’extérieur. Les démarches actuelles d’open innovation en sont une autre preuve. 
La fin de la croyance que la R&D est l’alpha et l’oméga de l’innovation : demandez à tous ces dirigeants de toutes ces entreprises qui ont lancé des démarches « d’innovation managériale » après avoir réalisé que l’innovation n’était pas un projet, mais le résultat d’un environnement managériale favorisant l’audace et la créativité. L’effet direct est que les dirigeants, on compris que le vrai risque que cours les idées innovantes est d’être édulcoré à leur arrivée sur le marché. On ne peut pas toujours compter sur une crise de gouvernance comme a pu en profiter les designers de la C3 qui est arrivée sur le marché presque intouché par les services marketings, commerciaux et financiers.
L’innovation comme valeur : Ce qui est nouveau n’est pas de mettre le progrès ou l’innovation dans ses valeurs ou sa mission. Ce qui est nouveau est de le faire vraiment ! Jusqu’à peu, il n’était pas rare de voir des entreprises faire de l’innovation-washing (ok, il y en a encore certes.) qui utilisait ce mot comme cri de ralliement plus politiquement correct que « Tuons la compétition ». Il n’est pas rare de voir de grandes déclarations se terminer abruptement à cause d’une mauvaise exécution ou d’une difficulté à équilibrer l’exploration du nouveau de l’exploitation de l’ancien. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’intervenant extérieur à l’entreprise sont impliqué sans sa quête de nouveau.
 
Je vous propose ici de retracer l’épopée de l’innovation en améliorant la mise en page de la première publication de cet article dans les échos.

1400-1910 – Les grands inventeurs

De Gutenberg à Zuckerberg, d’Edison à Dyson, les inventeurs sont des individus avec une vision.

Durant cette période, l’innovation était largement portée par des individus qui ont marqué l’histoire par leurs inventions révolutionnaires. Parmi ces grands inventeurs, on peut citer Léonard de Vinci (1452-1519), qui a imaginé des machines volantes, des véhicules blindés et d’autres inventions avant-gardistes pour son époque. Thomas Edison (1847-1931) a, quant à lui, développé le télégraphe, l’ampoule électrique et le phonographe, jetant les bases de l’industrie électrique moderne. D’autres inventeurs notables de cette époque incluent James Watt (1736-1819) avec la machine à vapeur, et Alexander Graham Bell (1847-1922) avec le téléphone.

Auteurs d’une découverte imprévue ou résultante d’un acharnement forcené. Peu importe qu’ils ont fait un « mash-up » d’autres inventions (Vinci) ou que leurs compétences aient été plus commerciales que technologiques (Jobs), leurs noms sont indissociables de leurs inventions.

Des inventeurs, de plus en plus rares mais pas complètement éteint (cf.Elon musk).Jobs et Dyson sont nés après 1910, mais ils appartiennent à cette famille d’inventeurs que l’on peut nommer par leur nom.

Mais voilà, le coût de la Recherche et Développement, la complexification des technologies, les temps de développement des technologies et le coût des brevets rendent l’innovation de plus en plus hors de portée des individus.

1910-1960 La Recherche et Développement

Les héros de cette époque sont des hommes en blouse « qui cherchent ». Ce furent les débuts des laboratoires Bell, de Kodak ou de Rank Xerox et de son Palo Alto Research Center ou «PARC» connu pour le plus célèbre hold-up de l’histoire réalisé par un certain Steve…

Au cours de cette période, l’innovation est devenue une préoccupation majeure pour les entreprises et les gouvernements. La recherche et développement (R&D) a pris de l’importance, avec la création de laboratoires et d’instituts dédiés à l’avancement des sciences et des technologies. Par exemple, la société Bell Labs, fondée en 1925, a été à l’origine de nombreuses innovations telles que le transistor, le laser, et les premières communications par satellite. Durant cette période, les entreprises ont investi massivement dans la R&D pour développer de nouveaux produits et améliorer leurs processus de production.

Pendant que les entreprises passaient petit à petit d’exploitantes d’inventions créées par leur fondateur à créatrices d’invention et détentrices de brevets…surtout détentrices de brevets en fait – voir les cas Kodak/Polaroid et Apple/Samsung – leur bureaucratie s’alourdit progressivement et ces entreprises perdent leur agilité et leur capacité à prendre des risques.

Dehors «artistes, créatifs, innovateurs et iconoclastes » ! Dehors «the crazy ones. The misfits. The rebels. The troublemakers. The round pegs in the square holes»  !

Ici, nous sommes une entreprise sérieuse qui sert nos clients avec qualité et excellence ! Vous n’avez plus votre place dans une entreprise de plus en plus rationnelle et structurée à coup de MAQ et d’optimisation des processus !

Ça tombe bien, de toute façon, découragés par la lourdeur hiérarchique galopante, le contrôle à tous les étages, le manque de confiance et la récupération de leurs idées par leur manager, regardez-les quitter le bateau pour construire leur propre barque dans les nouvelles technologies…

Pour Edmund Phelps, prix nobel 2006 et auteur de «Mass Flourishing: How Grassroots Innovation Created Jobs, Challenge and change » C’est ici que s’arrête l’innovation en raison – entre autres – de la montée du corporatisme, du rejet de l’argent, du manque d’incitations financières et de la fin du désir d’innover ! Selon lui, la dictature du court terme aura eu la peau de l’innovation, remplacée dans les économies occidentales par la recherche de l’amélioration de court terme de moins en moins rémunératrice et de moins en moins créatrice d’emploi…

 
Les 4 époques de l'innovation

1960-2005 L’âge d’or du capital risque

Deux mouvements inverses vont se développer dans le courant des années 60 :
> D’un côté, l’augmentation des besoins de financement pour concevoir, tester et commercialiser les produits ou services innovants.
> De l’autre, des banques qui deviennent… Comment dire…Frileuses ? Il deviendra de plus en plus difficile de financer sa boîte naissante grâce à un prêt d’amorçage auprès de l’une d’entre-elles.

Avec la montée en puissance des nouvelles technologies, notamment dans les domaines de l’informatique et des télécommunications, cette période a été marquée par un essor du capital risque. Les investisseurs ont soutenu des entreprises naissantes en leur fournissant les fonds nécessaires pour innover et se développer rapidement. Cela a conduit à la création de sociétés emblématiques telles qu’Apple, Microsoft, Intel et Cisco, qui ont révolutionné le paysage technologique. Cette période a également été marquée par l’émergence de clusters d’innovation, comme la Silicon Valley en Californie, où les entreprises, les universités et les investisseurs ont collaboré étroitement pour stimuler l’innovation.

Non seulement les banques prêtent de plus en plus difficilement, mais avec l’âge des créateurs rajeunit, leur capacité d’emprunt rétrécit. Un chiffre parmi d’autres : l’âge moyen de la première levée de fonds pour les diplômés du MIT est passé de 41 ans dans les années 60 à 27 ans dans les années 90.

Une nouvelle source de financement devait être trouvée. C’est ainsi qu’arrive sur scène les premiers « Capital-risqueurs » ou Venture Capitalists. La première entreprise américaine cotée de capital risque s’appelait « American Research and Development Corporation » investit 70 000$ dans DEC en 1957 et récupéra 355 millions de dollars lorsque l’entreprise deviendra cotée.

Les choses se compliquèrent quand ces fonds d’investissement commencèrent à priser la rentabilité à court terme à leur tour et à prêter de moins en moins… 

Et arriva le Crowdfunding…

Depuis 2005 : retour de l’innovation dans l’entreprise

En parallèle du Crowdfunding, l’explosion des technologies et la mondialisation ont accéléré le pas du changement. Avec un taux de survie à 50% après 5 ans, la durée de vie des entreprises a été divisée par deux en 50 ans.

Alors que les trois ères précédentes étaient basées sur la capacité d’inventer de nouveaux produits, services ou procédés basés sur une avancée technologique – C’est d’ailleurs la base des travaux Christensen et son approche sur la disruption – la quatrième ère de l’innovation se concentre sur les nouvelles formes d’entreprises et de business models. Dès 2005, on prédisait qu’en 2010 l’innovation des business models serait plus importante que l’innovation de produits ou de services !

Pour cela les entreprises utilisent de plus en plus leur créativité interne, appellent de plus en plus d’experts indépendants, utilisent massivement l’open-innovation en impliquant de plus en plus de startups, simplifient leurs process, repensent leur organisation et aplatissent leur hiérarchie, décentralisent la prise de décision et – chose incroyable –  apprennent de leurs erreurs !

Au cours des dernières années, l’innovation est redevenue une priorité pour les entreprises, qui cherchent à se démarquer de leurs concurrents et à répondre aux attentes changeantes des clients. Les entreprises ont adopté des approches plus agiles et collaboratives pour stimuler l’innovation, en créant des équipes multidisciplinaires et en travaillant en partenariat avec des start-ups, des universités et d’autres organisations. Des exemples notables incluent Google, qui a lancé de nombreux produits et services innovants tels que Google Maps, Android et la voiture autonome Waymo, ou encore Tesla, qui a révolutionné le secteur automobile avec ses voitures électriques et ses technologies d’énergie renouvelable.

En parallèle, les start-ups sont en train de découvrir qu’elles peuvent se faire copier aussi rapidement qu’une entreprise (Lamzac hangout / Laybag / Kaisr Original).

Où en sommes nous dans les 4 époques de l’innovation ?

Aujourd’hui, nous assistons à un mélange des “4 époques de l’innovation” qui coexistent et s’influencent mutuellement. Dans ce contexte, il est essentiel pour les entreprises et les individus de tirer les enseignements de ces différentes périodes pour rester compétitifs et pertinents sur le marché.

En revenant sur les “4 époques de l’innovation”, nous constatons que l’esprit des grands inventeurs est toujours présent et continue d’inspirer de nombreuses personnes. Les 4 époques de l’innovation montrent qu’il est important de cultiver la créativité et l’audace pour concevoir des idées nouvelles et révolutionnaires. De même, la recherche et développement reste un pilier essentiel pour stimuler l’innovation dans les entreprises. Les 4 époques de l’innovation mettent en évidence le rôle crucial de la R&D dans la découverte de nouvelles technologies et la création de valeur pour les clients et les actionnaires.

En ce qui concerne l’âge d’or du capital risque, les “4 époques de l’innovation” soulignent l’importance des investissements pour soutenir les jeunes entreprises et les aider à se développer rapidement. Les 4 époques de l’innovation démontrent que le financement est un élément clé pour favoriser l’éclosion d’innovations de rupture. Enfin, dans le contexte actuel, les “4 époques de l’innovation” mettent l’accent sur l’importance d’intégrer l’innovation au cœur des entreprises et de créer un environnement propice à l’émergence d’idées nouvelles. Les 4 époques de l’innovation rappellent que l’agilité et la collaboration sont essentielles pour rester compétitifs sur le marché.

En conclusion, les 4 époques de l’innovation illustrent parfaitement l’évolution des pratiques et des mentalités en matière d’innovation au fil du temps. Depuis les premières découvertes et inventions jusqu’à l’ère de la digitalisation et des technologies de pointe, l’innovation a toujours été un moteur essentiel du progrès et du développement économique et social.

Chaque époque de l’innovation a apporté son lot de défis et d’opportunités, et a conduit à la création de nouveaux produits, services et méthodes de travail. Les entreprises et les individus qui ont su s’adapter et tirer parti des avancées technologiques et des nouvelles idées ont pu prospérer et se démarquer de leurs concurrents. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde en constante évolution, où l’innovation est plus que jamais au cœur des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Les entreprises, les institutions et les individus doivent être capables d’anticiper les tendances et de s’adapter rapidement aux changements pour rester compétitifs et pérennes.

Les 4 époques de l’innovation nous rappellent l’importance de l’ouverture d’esprit, de la créativité et de la collaboration pour favoriser l’innovation et répondre aux défis de notre époque. En tirant les leçons des époques passées et en s’inspirant des réussites et des échecs de nos prédécesseurs, nous pouvons continuer à innover et à construire un avenir meilleur pour tous.

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