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Doit-on oublier ce que l’on sait ?

 

Serait-il possible que ce que vous pensez depuis toujours soit devenu…faux ? Serait-il possible que nous devions réévaluer ce que nous avons appris – ou sommes en train de transmettre – dans tous les domaines du travail et de l’entreprise ? Après l’art de désapprendre, le mouvement de Unlearning

Vous avez tout faux !

Si je résume les derniers best-sellers en littérature RH, Managériale, Marketing – bref, Business donc – tout ce que vous savez sur tout est devenu soudainement faux :

L’argent motive ? FAUX ! C’est l’autonomie, le sens et la volonté de s’améliorer selon Daniel Pink dans “La vérité sur ce qui nous motive“.

Le talent est important ? FAUX ! Il est largement surestimé selon Geoff Colvin pour lequel le plus important est la pratique et le travail dans “Talent is overrated“.

Il faut travailler plus pour gagner plus. FAUX ! On peut gagner sa vie en 4 heures par semaine selon Tim Ferris dans “La semaine de 4 heures“.

Il faut faire un CV pour trouver un JOB. FAUX ! C’est d’abord une question de marque et de réputation pour Dan Schwabel et Fadhila Brahimi dans “Moi 2.0“.

Nous prenons des décision basé sur la logique et la réflexion. FAUX ! On rationalise après avoir pris une décision selon Dan Ariely dans “C’est vraiment moi qui décide ?“.

C’est de notre intelligence que dépend notre réussite. FAUX ! Selon David Brooks dans “l’animal social“, c’est de notre capacité à faire confiance dont dépend notre réussite.

Le Charisme est inné. FAUX ! Selon les recherches d’Olivia Fox Cabane dans “The Charisma Myth“. Il y a des exercices pour développer son charisme et son magnétisme.

La réussite se mesure en argent et responsabilité. FAUX ! La réussite dépend d’abord de votre liberté selon l’approche du Wanagement.

Et cette liste pourrait s’allonger encore si nous y ajoutions les bouquins parus récemment dont les titres commencent par “Re-” :

En anglais : Re-imagine de tom peters, Rework de Jason Fried et David Heinemeier, Rethink (7 ouvrages avec ce même titre), Rewired (4 ouvrages), Re-energize (5 ouvrages), etc.

En français : Repenser…l’état, le monde, la pauvreté, l’entreprise. Réinventer…sa vie, la performance, l’entreprise, les RH, etc.

The Unlearning movement, repenser l’apprentissage pour une nouvelle ère

Ce mouvement littéraire que nous appelons en anglais “Unlearning” ou “Littérature du Shift” – à défaut de mieux – semble avoir pris de l’ampleur à partir de mars 2000 avec la publication de “Funky Business – le talent fait danser le capital” de Kjell Nordstrom et Jonas Ridderstrale, professeurs à la StockholmSchool of Economics (SSE).

Le mouvement de l’unlearning est basé sur l’idée que l’apprentissage continu et la mise à jour de nos compétences sont essentiels pour rester pertinents et compétitifs dans un monde en constante évolution. Cette démarche encourage les individus et les organisations à repenser leurs méthodes d’apprentissage, à remettre en question leurs croyances et à abandonner les habitudes qui ne sont plus utiles ou adaptées. En résumé elle promeut un état d’esprit un peu iconoclaste.

La déferlante d’ouvrages de Unlearning dans les rayons des librairies depuis cette date peut s’expliquer de plusieurs façons :  

1. Il semble plus vendeur d’écrire un bouquin dénonçant un modèle que l’on a cessé de questionner depuis longtemps. Reconnaissez qu’un livre vous expliquant pourquoi ce que vous pensez est faux titille la curiosité. Alors si en plus de l’explication, le livre vous confie un nouveau modèle…Bingo !.. Les modèles ont toujours la cote. Cf tout ceux que l’on continu à utiliser tels que la Pyramide de Maslow, les 20/80, SWOT, SMART, les 4P avec le modèle SAVE ou…KISS (Keep it Simple Stupid) !

2. De plus en plus d’entreprises et de chercheurs mènent des études dont les résultats peuvent déclencher un “buzz” qui donne de l’inspiration aux auteurs. Citons pour l’exemple cette étude de Sheena S. Iyengar et Mark R. Lepper réalisée avec l’assistance de Draeger’s Grocery Store qui fut reprise par Dan Ariely et que se résume en une phrase choc : “Confronté à trop de choix, un client à dix fois moins d’envie d’acheter quelque chose”.

3. Si cela touche votre pratique professionnelle, mieux vaut être le premier à le lire et passer pour celui qui a des idées anticonformistes et par qui le changement arrive !

Le mouvement de l’unlearning, ou “désapprentissage” en français, est une approche qui vise à remettre en question et à déconstruire les connaissances et les compétences acquises dans le passé pour mieux s’adapter aux réalités changeantes d’aujourd’hui. Cette approche reconnaît que certaines de nos croyances et habitudes précédemment apprises peuvent être obsolètes ou inadaptées aux défis actuels. Dans cet article, nous explorerons le concept de l’unlearning, comment il fonctionne et quels sont quelques exemples concrets de cette démarche.

Comment fonctionne l’unlearning ?

Le processus d’unlearning se déroule en plusieurs étapes :

  1. Prendre conscience : la première étape consiste à prendre conscience des croyances, des habitudes et des compétences qui ne sont plus adaptées aux défis actuels. Il s’agit d’identifier les domaines dans lesquels un changement est nécessaire.
  2. Déconstruire : une fois que les domaines à améliorer ont été identifiés, il est important de déconstruire les anciennes croyances et habitudes pour comprendre leur origine et leur impact.
  3. Apprendre de nouvelles compétences : après avoir déconstruit les anciennes croyances et habitudes, il est nécessaire d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances pour répondre aux défis actuels.
  4. Intégrer et pratiquer : enfin, il est crucial de mettre en pratique les nouvelles compétences et connaissances acquises, afin de les intégrer pleinement dans notre manière de penser et d’agir.

Exemples de l’unlearning

  1. L’éducation : le mouvement de l’unlearning s’applique également au domaine de l’éducation, où les enseignants sont encouragés à remettre en question les méthodes pédagogiques traditionnelles et à adopter de nouvelles approches pour favoriser l’apprentissage des élèves.
  2. Les entreprises : de nombreuses organisations adoptent l’unlearning pour rester compétitives dans un marché en constante évolution. Par exemple, certaines entreprises encouragent leurs employés à se former continuellement et à remettre en question leurs compétences pour s’adapter aux nouvelles technologies et aux changements dans leur secteur.
  3. La vie personnelle : L’unlearning peut également être appliqué à notre développement personnel, en nous encourageant à remettre en question nos croyances et nos habitudes pour mieux comprendre notre environnement et nous adapter aux changements.
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Les bénéfices de l’unlearning

Le mouvement de l’unlearning présente plusieurs avantages pour les individus et les organisations :

  1. Flexibilité et adaptabilité : en remettant en question nos croyances et habitudes, nous développons notre capacité à nous adapter rapidement aux changements. Cette flexibilité est essentielle pour naviguer dans un environnement en constante évolution.
  2. Créativité et innovation : L’unlearning favorise un état d’esprit ouvert et curieux, ce qui permet de générer de nouvelles idées et de stimuler l’innovation.
  3. Amélioration continue : en adoptant une approche d’apprentissage continu, les individus et les organisations peuvent améliorer en permanence leurs compétences et leurs connaissances, ce qui les rend plus compétitifs sur le marché.
  4. Développement personnel et professionnel : L’unlearning permet de mieux se connaître et de mieux comprendre notre environnement, favorisant ainsi notre développement personnel et professionnel.

Comment mettre en œuvre l’unlearning dans votre organisation ?

Voici quelques conseils pour intégrer l’unlearning dans votre organisation :

  1. Encouragez la formation continue : favorisez l’accès à des ressources de formation et d’apprentissage pour vos employés. Cela peut inclure des formations en ligne, des ateliers, des conférences ou des séminaires.
  2. Créez un environnement propice à l’expérimentation : encouragez vos employés à essayer de nouvelles approches et à apprendre de leurs erreurs. Un environnement où l’échec est accepté comme une étape du processus d’apprentissage favorise l’innovation et la prise de risques.
  3. Favorisez la collaboration et l’échange d’idées : mettez en place des espaces et des moments de partage où les employés peuvent échanger leurs idées, leurs connaissances et leurs expériences. Cela peut inclure des groupes de discussion, des ateliers ou des réunions informelles.
  4. Soutenez le développement personnel et professionnel : accordez de l’importance au développement de vos employés et encouragez-les à explorer de nouvelles compétences, de nouveaux domaines de connaissance et de nouvelles opportunités de carrière.

Unlearning, vieille arnaque ou bonne nouvelle ? 

Est-il réellement possible que tout ce que l’on nous a appris sur le monde professionnel, soit faux ? Devons-nous brûler les modèles et méthodes que nous ont transmis jusqu’à présent nos profs, formateurs ou le dernier bouquin que nous avons lu ?

Pour résumer, il y a deux possibilités : considérez ces titres comme racoleurs et digne de la plus basique arnaque marketing destiné à vendre du livre…ou estimer que ce mouvement est une excellente nouvelle car il :

Remets en question les anciens modèles 

Si ces bouquins se vendent, c’est que leurs lecteurs doivent bien se poser des questions, non ? Que ce soit sur les pratiques utilisées par leur Management ou leur entreprise, sur les motivations des consommateurs, les modes de décisions etc..

Peut-être est-ce le signe que les salariés commencent à réaliser qu’ils appartiennent à un système dans lequel la réflexion et le savoir sont pré mâchés et prédigérés et prendre du recul (et sortir de la matrice ah ah).

Peut-être que ce scepticisme va nous permettre de sortir des modèles justement ? Un anti-modèle crédible et applicable pour ce monde qui évolue, se transforme, se “transmute” – pour citer Jean-Paul Delevoye – qui s’achève – pour citer Michel Serres ou qui métamorphose pour citer Actarus.

Change de regard en douceur.

L’avantage de cette approche de “Ce que vous croyez est faux” est que justement, pour reprendre le point 1, les auteurs ne nous forcent pas à apprendre par coeur un nouveau modèle mais cherchent – la plupart du temps de façon scientifique – à vous montrer ce qui change, comment, et pourquoi. C’est ensuite à vous de décider si vous adoptez ce nouveau point de vue…ou pas !

3Relance l’innovation. 

Si les modèles sont en train de changer/évoluer/disparaître, cela peut vouloir dire qu’il faut réellement réinventer, repenser, réviser, réévaluer, reprendre, re-designer, re… beaucoup de choses. Serait-ce le moment d’inventer/oser/essayer/tester de nouvelles façon de communiquer, vendre, acheter…manager ?

Voilà, en résumé tout ce que vous savez sur tout doit être faux à moins que l’on se trompe. Je suis sur que le contre-intuitif et le contre-pied sont en train de prendre le dessus. Sauf si je me trompe. 

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