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Co-construire une conférence avec 400 personnes

Co-construire une conférence vise à révolutionner l’approche classique où “l’expert dicte, le public écoute”. Voici ma méthode pour personnaliser mes interventions, les alignant avec l’expérience et les attentes du public plutôt que de les cantonner à un enchaînement monotone de diapositives.

Introduction à la co-construction 

Lors que les organisateurs de cet évènement ont décidés de faire appel à des conférenciers, à savoir Michael Aguilar et moi-même, je me suis donné pour mission de bousculer les codes et d’affiner mes techniques de présentation. Après tout, les enjeux étaient limités.

Mon approche a été de revisiter les questions fréquemment posées lors de mes interventions passées, pour construire ma présentation autour de ces même questions, favorisant ainsi l’engagement immédiat de l’auditoire. Ce qui revient à dire que ma conférence était en fait une suite de réponses.

Le résultat en vidéo ci-dessous. 

Co-construction d’une conférence

Le constat

C’est juste une évidence, les clients ne demandent plus seulement une « expertise » mais désormais, ils veulent également un format de conférence qui devient de plus en plus court et de plus en plus « interactif ». Il est temps de passer de la conférence interactive après sa création à co-construire la conférence dès sa conception. Ou laisser l’audience choisir dans quel ordre elle souhaite voir se dérouler l’intervention ? 

Il n’y a pas de raison unique à cette demande croissante, je pense que vous pouvez piocher dans cette liste :
a) Ils ont été déjà pris en otage par une intervention chiante et interminable.
b) Ils ont découvert récemment le format TED et trouvent ça moderne.
c) Ils ont le temps d’attention d’un poisson rouge. (ou vert ou bleu)
d) Ils cherchent un « intervenant intermède » qui égaie l’assistance entre la présentation des résultats trimestriels et le groupe de travail sur la concurrence chinoise. (ou entre la poire et le dessert)
e) All of the above.

On veut du court, on veut du spectacle, on veut du fond, on veut l’expert à la mode, mais surtout, on ne veut pas se faire ch..

Les conférenciers professionnels…

Je ne parle pas ici de ceux et celles qui ont parlé devant l’amicale des anciens élèves de leur école ou qui ont fait une présentation devant leur directeur des ventes. Je parle des pros qui gagnent une partie non-négligeable de leur salaire avec leurs interventions.

Je ne parle pas ici des « experts minutes » – ces généralistes (voir opportunistes) qui animent une intervention sur un sujet pour une seule représentation – et qui sont en train de disparaître pour être remplacés par des conférenciers-experts qui traitent de très peu de sujets, mais qu’ils connaissent à fond depuis longtemps.

Les clients privilégient aujourd’hui ces experts qui ne parlent que d’un sujet et d’un seul ! Ce qui rend de plus en plus compliqué de vendre une multi-expertise. Ça ne m’arrange pas du tout, mais c’est comme ça.

Bref, revenons au sujet. La scène appartient désormais à ces conférenciers professionnels qui respirent leur sujet à force de pratique et d’expérience. Ils maîtrisent tellement leur sujet que – même si ça n’empêche pas le coup au cœur avant de se lancer – ne se mettent plus en danger et suivent leur petit train-train habituel avec leurs slides en guise de rails.

Leur présentation est bien ficelée, leurs blagues bien ajustées et leurs réponses aux questions bien calibrées. Aucun problème bien sûr, sauf que si vous assistez à plusieurs interventions du même expert, et bien…c’est la même chose. Je pense à Luc Ferry, Jacques Attali, bref, les stars que vous pouvez être amené à écouter plusieurs fois.

Bien sûr que j’admire ces experts, mais cependant 2 choses me chiffonnent :

  • Où est le challenge intellectuel de répéter la même chose quand on n’est pas un acteur (cf l’intervention de David Bitton à Creative-Day).
  • Et comment faire quand on est incapable de répéter la même chose. Je pense notamment à mon souci d’iconoclaste dont j’ai eu la chance de parler pour la première fois en public sur la scène de TEDxAlsace. Bon, ce n’est pas une condition médicale, n’exagérons pas.
co-construire une conférence avec benjamin chaminade

Mon expérimentation de co-construction d’une conférence

J’expérimente désormais la co-construction de mes conférences avec l’audience jusqu’à 500 personnes (pour l’instant) à la condition d’avoir 45 minutes d’intervention minimum.

L’idée ou le challenge est de rester en déséquilibre sur des sujets que je maîtrise et de me rapprocher du format d’intervention qui sera demandé le jour où les clients seront sortis de leur phase TED : les interventions majoritairement en Q & A !! Ce qui explique pourquoi je réalise de plus en plus de vidéos en mode Q & A pour répondre aux questions de ma communauté.

Nous n’en sommes pas encore là, car nous avons en France une approche encore trop scolaire de la conférence, mais je vous promets, nous y arrivons. Les clients commencent à comprendre qu’il a beaucoup plus de valeurs à capter en demandant aux intervenants de répondre à leurs questions et à leurs inquiétudes qu’à les écouter comme des veaux !

Ce jour-là, il se passera 2 choses :
Le ménage : les mauvais, les plagiaires et les fumistes vont dégager violemment.
L’inflation : les honoraires des bons vont augmenter radicalement.

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Comment co-construire une conférence ?

Construire les slides – Beaucoup de slides

Dans l’attente du jour où tous les conférenciers seront devenus des maîtres es-storytelling (Pensée à Michael Aguilar) les clients aiment encore les slides (surtout les slides beaux et cohérents !). Ça passe le temps si le conférencier est nul, si tout son texte est sur le slide, pas besoin de l’écouter, et puis, surtout, on a l’habitude de bouffer du slide !

Pour cette partie de création de slide, vous devez connaître les clichés les plus populaires sur le sujet que vous traitez et en faire des slides. Pour les identifier, collecter les questions qui vous sont les plus souvent posées et les croyances les plus solidement ancrées. Pas compliqué si vous êtes un pro de votre domaine. 

Prenons quelques exemples :
> Concernant l’avenir du travail : il y a de plus en plus d’indépendants. (n’importe quoi.)
> Concernant le management : l’entreprise libérée est l’avenir de l’entreprise. (et ben voyons)
> Concernant l’innovation : il faut être disruptif. (ok, mais d’abord savez-vous ce que cela signifie ?)

Pour chaque question, cliché ou croyance identifiée : hop, un slide (beau et cohérent) que vous présentez à l’audience. Ce qui lui montrera que sa question est légtime, car vous l’aviez devancée. C’est la première étape pour co-construire la conférence : adapter votre présentation aux questions qui vous sont posées.

Digression : je parle de cohérence en référence à ces conférenciers qui ont certes compris qu’il fallait mettre des photos au lieu de textes ou de bullet-point, mais qui n’ont pas encore compris que ces photos devaient avoir une cohérence entre elles tout au long de l’intervention. Vous racontez une histoire, vous ne tricotez pas une couverture en patchwork au coin du feu !

B.a.-ba de la profession, mais je le rappelle quand même : pour chaque cliché ou croyance identifiée : un chiffre et une histoire vécue. Lorsque dans les étapes suivantes, vous allez engager le public dans une conversation, les slides prouveront que vous avez bûché votre sujet, mais il vous restera à détromper les croyances de votre audience sans doute néophyte et à compléter leurs propos avec des faits solides et des histoires bien racontées !

Ne pas se présenter comme expert, mais comme praticien

Les experts auto-proclamés ont vécu, vive les témoins, les curieux et bien sûr, les praticiens du quotidien !

Ça fait quelques années que j’ai quitté la posture d’expert et que je contredis ceux qui me présentent comme tel. Regardez-la vidéo ci-dessus. Je remercie la journaliste qui m’a présenté comme expert avant de préciser que je suis un témoin, issu du rang, qui n’a que pour seul avantage d’avoir pris le temps de me poser.

Sous-entendu : ce que je vais vous dire, vous l’auriez trouvé vous-même si vous n’étiez pas pris par votre quotidien.

Cela va sans dire, ce sont les histoires que vous allez raconter lors de votre conversation avec le public qui va établir que vous êtes un praticien si ces exemples sont issus de votre pratique ou un témoin si vous présentez un sujet de façon transversale en utilisant des exemples d’entreprises que vous ne connaissez que par la presse.

Mettre l’audience en condition

Nous avons été mal éduqués, si nous allons en conférence, c’est d’abord pour écouter, comme en classe ou comme au spectacle. Ce qui explique d’une salle « se travaille » et c’est au conférencier de mettre chaque membre de l’audience dans l’état d’esprit de participant actif et pas de légume.

À moins que vous n’interveniez sur un sujet qui fait polémique ou que vous n’ayez pas préparé une question « clivante » comme par exemple : « Que pensez-vous des jeunes de maintenant ? » Vous devez vous attendre à vivre un petit moment de solitude. Remarquez comment je rebondis dans la vidéo ci-dessus à 2m38s devant l’absence de réactivité de l’audience :

1> Je laisse le choix à l’audience de rester dans la posture de spectateur. En mettant un peu de pression dans le ton quand même.
2 > Je propose une alternative : notez ce qui vous étonne dans ce qui va suivre et n’oubliez pas ce qui vous inspire et que vous pourrez transformer en action à mener.

Avec l’expérience, j’ai une liste de 2/3 questions qui fonctionnent pas mal pour lancer un débat. J’ai hâte que vous assistiez à une de mes interventions pour les découvrir

N’oubliez pas que la première question ou le premier témoignage est le plus difficile à obtenir. C’est comme une soirée ennuyeuse : une fois le premier invité sur le départ, tout le monde suit. Co-construire une conférence se sert aussi de ce biais cognitif. 

Faire participer l’audience pour construire la conférence : duh

Oui faire participer l’audience ! Je vous assure que c’est là que l’on reconnaît les conférenciers de talents : ils n’ont pas peur de parler à leur audience, ils sont impatients d’arriver au moment de Q & A de leur intervention, au point parfois de rester au buffet qui suit pour continuer la conversation !

Bref, mettons que vous avez posé la bonne question et que le micro commence à circuler dans la salle, c’est à vous de jouer :

  • Laissez le temps aux personnes de s’exprimer et ne leur coupez pas la parole même s’ils disent des énormités ou sont hors-sujet.
  • Remerciez ceux qui apportent un témoignage en leur posant éventuellement une question dont la réponse vous paraîtra utile au reste de l’audience (ou qui vous permettra de capter du vocabulaire technique si vous n’avez pas bûché votre audience.).
  • Sélectionnez à la volée le slide qui correspond au témoignage qui vous a été donné pour rebondir et – toujours en regardant la personne qui est intervenue – compléter le propos, détromper la personne avec des chiffres si besoin et raconter votre histoire, fait ou connaissance sur ce témoignage.
  • Sachez quand mettre fin à la session de Q&A. Très souvent les premiers témoignages ou les premières questions sont les plus réfléchies et les pertinentes. Passée la 4e ou 5e intervention, par contre, ça peut se gâter et vous risquez des questions hors sujet, des questions incompréhensibles que la salle n’a pas comprise mais espère que vous allez y donner une réponse et, bien sur, des questions qui ne servent qu’à monter que celui qui pose la question est le plus intelligent de la salle.

Et je réalise en écrivant ces lignes que si vous utilisez des slides (ce que je déconseille si vous ne maîtrisez pas le Storytelling, Contactez d’urgence Thierry Croix si c’est le cas.) il va vous valoir, vous équiper avec une app de présentation qui vous permette de sélectionner les slides de façon non-linéaire. Si vous êtes sur Mac, Keynote est bien sur incontournable, si vous êtes sur PC, j’admire votre coté underground, mais je ne peux pas vous aider.

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À retenir sur la co-création d’une conférence

La co-création active renforce l’engagement

La co-création d’une conférence n’est pas une simple fantaisie ; c’est une nécessité contemporaine. Elle transforme l’audience de spectateurs passifs en participants actifs, créant un sentiment d’appartenance et d’implication personnelle. Quand les participants se sentent écoutés et que leurs questions façonnent le discours, l’engagement s’accroît. C’est la démocratisation de l’expertise où la valeur n’est pas seulement sur l’estrade, mais dans chaque siège de la salle. Cette approche vous oblige à être à l’écoute et à vous adapter en temps réel, garantissant ainsi une expérience fraîche et mémorable pour tous.

L’adaptabilité comme clé du succès

L’adaptabilité est le maître-mot pour un conférencier dans la nouvelle ère de l’interactivité. Les attentes changent ; l’ère est aux formats courts et dynamiques inspirés de TED Talks. Pour rester pertinent, il faut être capable de se réinventer et d’adapter son contenu non seulement avant, mais aussi pendant la conférence. Cela signifie préparer une multitude de slides et être prêt à sauter d’un sujet à l’autre, suivant le pouls de l’audience. C’est un exercice d’équilibriste entre expertise et réactivité.

Le storytelling prime sur les slides

Les slides sont des outils, non des béquilles. Ils doivent soutenir le récit, pas le remplacer. Chaque diapositive devrait être une fenêtre sur une histoire, un fait, une idée qui parle à l’audience. Le storytelling engage l’émotion et la mémoire, rendant les concepts plus digestes et mémorables. Utiliser des slides cohérents et esthétiques est une compétence, mais raconter une histoire qui résonne avec l’auditoire est un art qui distingue les conférenciers mémorables des orateurs oubliables. N’oubliez pas : les leaders ne font pas de powerpoint !

Praticien avant expert

L’ère des experts intouchables est révolue ; le public recherche l’authenticité d’un praticien qui s’implique et qui partage des expériences vécues. Se présenter comme un praticien plutôt qu’un expert établit une connexion plus profonde avec l’audience, qui voit en vous non pas une autorité distante, mais un allié crédible, une source d’inspiration et un guide. C’est en partageant des anecdotes personnelles et des témoignages que vous assoyez votre crédibilité et encouragez l’échange.

L’audience comme partenaire de dialogue

Transformer l’audience en partenaire de dialogue est le sommet de la co-création. En engageant l’auditoire à travers des Q&A, vous valorisez leurs perspectives et créez une expérience collaborative. Cela vous oblige à rester alerte et réceptif, prêt à naviguer au gré des contributions. Les meilleurs conférenciers sont ceux qui parviennent à tisser une conversation continue, où chaque question et chaque réponse ajoutent une couche de valeur à l’expérience collective.

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